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Rénovation urbaine. L’espace comme remède à la question sociale ?

Depuis le XIXe siècle, la rénovation urbaine fait figure de réponse récurrente aux maux de la ville, la transformation radicale du bâti étant pensée comme un moyen de résoudre les problèmes des quartiers populaires. Ce dossier explore les origines et les rouages de cette pensée réformatrice, en même temps que les effets de politiques publiques qui, depuis les années 2000, bouleversent en profondeur les cités HLM.

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Depuis le début des années 2000, les quartiers prioritaires des politiques de la ville sont engagés dans un processus de profonde transformation, dans le cadre du Programme national de rénovation urbaine (PNRU) instauré par la loi du 1er août 2003 d’orientation et de programmation pour la ville et la rénovation urbaine (dite « loi Borloo »). Présenté par son promoteur d’alors, Jean-Louis Borloo, comme « le plus grand chantier du siècle » et soutenu par de lourds investissements financiers (47 milliards au 1er février 2018) [1], ce programme repose sur une condamnation du modèle urbain des grands ensembles, la refonte de la trame urbaine de ces quartiers populaires et une transformation massive de l’offre de logements. Engagé dans près de 600 quartiers, où résident quatre millions d’habitants, le PNRU a concerné entre 2003 et 2018 plus d’un million de logements : 151 000 ont été démolis, 136 000 logements sociaux et 80 000 logements privés ont été reconstruits, auxquels il convient d’ajouter 316 000 logements réhabilités et 352 000 résidentialisés [2]. Alors que le PNRU est en voie d’achèvement (les dernières opérations devant être livrées en 2020) et qu’un Nouveau Programme national de renouvellement urbain (NPNRU), moins ambitieux mais reprenant ses principaux postulats, a été adopté, Métropolitiques propose de revenir sur les origines, les effets et les enjeux politiques, sociaux et territoriaux de la rénovation urbaine.

« Casser les ghettos » : l’urbain comme remède aux problèmes sociaux ?

Au regard de l’histoire urbaine des XIXe et XXe siècles, le lancement officiel du PNRU, en 2003, a de quoi surprendre. L’expression « rénovation urbaine » est en effet associée, dans la mémoire nationale, à deux grands épisodes de transformation des villes ; elle évoque un imaginaire, celui de l’expulsion des classes populaires du cœur de Paris, provoquée par l’haussmannisation à la fin du XIXe siècle, et celui des bulldozers des années 1960 et 1970, repoussant les catégories modestes vers la périphérie plus ou moins lointaine des grandes villes, en détruisant leur cadre de vie et leurs sociabilités. En dépit de ces représentations négatives, ni la rénovation urbaine du Second Empire, ni celle des années 1960 ne peuvent être réduites à des politiques d’exclusion sociale et de relégation des plus pauvres hors de la ville centre (Bourillon 2000). Les classes populaires sont d’ailleurs loin de disparaître du Paris haussmannien et la capitale compte encore dans son paysage politique un « Paris rouge » et populaire jusqu’à la fin des années 1980 [3]. Il reste cependant que ces politiques, qui donnent prise à des alliances complexes entre intérêts fonciers et immobiliers, pouvoirs publics nationaux et municipaux, marquent les esprits et laissent bien peu de place aux revendications des habitant·e·s de ces quartiers démolis. Dans les années 1970, les critiques de leur brutalité (Godard 1973) et certaines luttes urbaines emblématiques, comme celle du quartier de l’Alma-gare à Roubaix (Cossart et Talpin 2015), contribuent – avec le rejet du modèle des grands ensembles et la baisse des financements publics du logement – à leur abandon progressif, au profit de la réhabilitation du bâti ancien et, sur le papier tout du moins, à l’affirmation d’une priorité au maintien dans les lieux des habitants de ces quartiers.

Percement du boulevard Henri-IV (depuis la place de la Bastille), ca 1876 (photo : Charles Marville).

Or, le programme inauguré en 2003, bien qu’il semble exhumer – jusque dans la sémantique – une forme d’intervention publique désormais contestée (qui passe notamment par les démolitions massives), ne suscite quasiment aucune opposition et fait même l’objet d’un large consensus dans les champs administratif, politique et médiatique (Epstein 2012). Pour comprendre cet unanimisme, il faut revenir à la genèse de ce programme et au contexte de son adoption.

Les années 1980 et 1990 sont marquées par la paupérisation des quartiers populaires et par la mise en place des politiques de la ville, qui se fondent sur un diagnostic spatial des problèmes sociaux (Poupeau et Tissot 2005). La question sociale, intimement liée au XIXe siècle à la question ouvrière, a aujourd’hui encore les quartiers populaires pour épicentre, la crainte des foyers d’agitation des quartiers centraux ouvriers s’étant muée en une « peur des banlieues » (Rey 1996). Avec l’apparition de dispositifs d’action publique tournés vers les quartiers de grands ensembles, se substitue à l’analyse classiste des inégalités socio-économiques une grille de lecture qui associe les problèmes sociaux et urbains à la concentration de la pauvreté, plus qu’aux inégalités elles-mêmes.

S’impose ainsi progressivement une représentation spécifique des cités HLM, alimentée par le traitement médiatique des banlieues (Berthaut 2013) et par la convergence d’analyses produites par des acteurs académiques, administratifs et politiques, qui font du regroupement spatial d’une population pauvre, jeune et « issue de l’immigration » (pour reprendre les termes utilisés alors) la cause principale du « problème des banlieues » (Tissot 2007). La justification des politiques de la ville se cristallise dans la figure mythifiée et repoussoir du « ghetto » (Wacquant 2005) ; celui-ci serait à l’origine d’un mode de vie spécifique qui, à travers les valeurs qu’il transmettrait et les ressources qu’il offrirait, produirait des effets néfastes sur l’intégration sociale de leurs habitants. Malgré les fragilités des postulats sur lesquels cette analyse repose (Gilbert 2011), c’est bien ce diagnostic qui s’impose aux décideurs publics et qui légitime les orientations des politiques de la ville (Desage 2015).

Depuis les premières expériences Habitat et vie sociale (HVS) en 1973 (Tellier 2012), l’action publique dans les grands ensembles est en effet traversée par une tension entre deux modèles d’action : d’un côté, le modèle communautaire du « développement social des quartiers » (DSQ), qui vise à favoriser l’insertion des habitants par des dispositifs d’animation et de participation ; de l’autre, un objectif de rééquilibrage de la population reposant sur une action sur le bâti et l’environnement urbain. Or, à partir du début des années 1990 [4], le premier modèle, plus inclusif, s’efface progressivement au profit du second, qui privilégie les projets urbains avec pour objectif de modifier le peuplement de ces quartiers (Lelévrier 2004 ; Le Garrec 2006). La force de ce second modèle tient notamment au regard largement négatif désormais porté sur les cités HLM et à la focalisation médiatique et politique sur les « violences » et les « émeutes » urbaines [5], qui tendent à voir la population juvénile (notamment les jeunes hommes racisés) des « quartiers » comme une nouvelle « classe dangereuse » (Chevalier 1958). Les politiques de la ville prolongent, ce faisant, la tradition française de l’universalisme républicain, à laquelle est associée une peur du « communautarisme » et des « ghettos » (Dikeç 2007). Un consensus politique se forge ainsi autour du nouveau mot d’ordre des politiques urbaines, la « mixité sociale », consacré par la loi Besson « visant à la mise en œuvre du droit au logement » de 1990, puis la loi relative à la solidarité et au renouvellement urbains (SRU) de 2000 [6].

Cette politique de promotion de la mixité sociale dans les quartiers prioritaires, qui s’appuie sur la diversification de l’habitat, n’est pas une spécificité française. Elle est également déployée aux Pays-Bas, au Royaume-Uni, en Allemagne, en Suède et en Finlande (Andersson et Musterd 2005) ou encore aux États-Unis, où elle est associée à des dispositifs d’incitation à la mobilité des classes populaires afro-américaines (Kirszbaum 2008 ; Fol 2009). Dans ces pays, s’opère également un « tournant spatial » dans les politiques publiques en direction des pauvres (Crump 2002) ; cette conversion passe par le développement de politiques urbaines privilégiant l’action physique sur le cadre bâti, au détriment d’interventions et d’approches socioculturelles ou socioéconomiques (Verhage 2005). Si ces politiques prennent des formes diverses, elles partagent un même diagnostic sur les effets supposément négatifs de la concentration de la pauvreté en matière d’intégration sociale. Dans cet esprit, la cohabitation avec les ménages de classes moyennes est perçue comme une ressource pour les plus défavorisés : ces ménages représenteraient des « modèles » positifs d’identification (le role-model effect) car ils offriraient des réseaux sociaux efficaces en termes d’insertion professionnelle ou scolaire et de constitution d’un « capital social ». Les enquêtes sur la mise en œuvre de la mixité sociale conduites dans divers pays occidentaux invitent pourtant à la prudence. Soulignant l’ambivalence de ses effets, elles ne permettent pas de démontrer la présence systématique de telles externalités positives (Bacqué et Fol 2006 ; Kleinhans 2004 ; Joseph, Chaskin et Webber 2007), quand elles ne montrent pas les effets discriminatoires indirects que cette injonction peut parfois produire (Tanter et Toubon 1999 ; Tissot 2005).

L’unanimité que suscite depuis une dizaine d’années la politique de rénovation urbaine s’explique ainsi pour partie par cette place désormais centrale et rarement contestée de l’objectif de « mixité sociale » dans l’action publique en direction des quartiers populaires. L’appel à « casser les ghettos [7] » fait figure de mot d’ordre rassembleur, dont le champ lexical et les intentions ne sont pas sans résonance avec les discours sur la « zone » ou les « villes ouvrières » des réformateurs sociaux de la fin du XIXe siècle et de l’entre-deux-guerres (Magri et Topalov 1989).

Démolition de la barre Balzac (La Courneuve), 2011 (cc) Diego BIS/Flickr.

Favoriser la « mixité sociale » : une politique de peuplement et ses instruments

La rénovation urbaine s’apparente ainsi plus largement à une « politique de peuplement » (Desage, Morel-Journel et Sala Pala 2014), qui vise à répartir les groupes sociaux dans l’espace, en fonction de leurs caractéristiques réelles ou présumées, en intervenant prioritairement sur le bâti. Divers modèles, français ou étrangers, ont pu inspirer cette volonté de modifier la composition sociale des quartiers stigmatisés : la gentrification à l’œuvre dans les quartiers anciens de centre-ville depuis les années 1960 (Chabrol et al. 2016), la rénovation des quartiers centraux de villes de banlieue (Bacqué et Fol 1997), les politiques de redynamisation des villes industrielles en déclin (Rousseau 2010) ou encore les politiques de regeneration britanniques, qui ont directement inspiré les premières expériences de renouvellement urbain conduites en France à la fin des années 1990 (Le Garrec 2006).

Les politiques de rénovation contemporaines s’appuient ainsi sur deux instruments principaux : la diversification de l’offre de logement, d’abord, qui est censée faire (re)venir sur place des ménages des classes moyennes ou les fractions stables des classes populaires, dont la présence est supposée bénéfique à l’intégration sociale des habitants de cités ; la transformation morphologique de ces quartiers ensuite, qui, en imposant de nouvelles normes urbanistiques participe à leur « banalisation », et cherche à rompre avec l’architecture fonctionnaliste des années 1950-1960, rendue en partie responsable de leur stigmatisation.

Démolition de la barre Balzac (La Courneuve), 2011 (cc) Diego BIS/Flickr.

La diversification de l’habitat consiste à réduire la part des logements destinés à l’accueil des ménages les plus précaires et à proposer une offre plus « attractive » pour d’autres populations. Les démolitions se concentrent ainsi sur les immeubles de logement social les plus anciens et les plus dégradés (Lelévrier et Noyé 2012). Celles-ci ne constituent pas une véritable rupture dans ces quartiers, concernés par des démolitions depuis le milieu des années 1980, mais elles deviennent alors beaucoup plus massives et systématiques [8]. La nouveauté du PNRU repose surtout sur la reconstruction, au sein même de ces quartiers, d’une nouvelle offre d’habitat censée attirer des ménages moins fragilisés : des logements sociaux neufs intermédiaires à destination de ménages salariés [9] et, surtout, des logements privés, pour partie locatifs (via Action logement) et, pour la majorité d’entre eux, en accession à la propriété.

La « mixité sociale », objectif affiché par les concepteurs de cette politique, est une notion à la fois floue et malléable (ce qui explique en partie son succès) : l’adjectif « sociale » sert souvent d’euphémisme pour ne pas évoquer des objectifs de mixité ethno-raciale ; les contours des « classes moyennes » demeurent le plus souvent indéfinis ; et l’échelle opératoire de cette mixité (immeuble, îlot, quartier ?) est rarement précisée. En pratique, la diversification de l’habitat se produit la plupart du temps selon un schéma consistant, d’une part, à « dédensifer le cœur » du quartier, en concentrant les démolitions dans les secteurs où se situent les plus grands immeubles et les familles perçues comme les plus problématiques et, d’autre part, à en « requalifier les franges », en privilégiant les reconstructions dans les secteurs considérés comme les plus calmes et les plus attractifs (Lelévrier 2004, 2010 ; Gérard 2011). Elle conduit ainsi à recréer des formes de micro-ségrégation, au sein des quartiers rénovés, entre les anciens immeubles de logements sociaux, réhabilités ou non, les immeubles HLM neufs et les logements neufs en accession à la propriété, qui permettent plus souvent la promotion résidentielle de ménages de classes populaires autochtones que l’arrivée de populations extérieures au quartier (Gilbert 2013 ; Lelévrier 2013).

Outre la diversification de l’habitat, la rénovation urbaine entend rompre avec la stigmatisation de ces territoires. Cette entreprise de transformation de leur image repose avant tout sur une ambition de normalisation du paysage urbain en remplaçant les grands ensembles par des immeubles de taille modeste (R+3 à R+5) ou par des maisons de ville. En lieu et place des espaces indéterminés qui entouraient souvent les bâtiments, l’espace public est restructuré par l’introduction de rues, de places ou d’espaces aux fonctions définies, et séparé de l’espace privatif par des clôtures. La coupure morphologique entre ces quartiers et le reste de leur agglomération est également atténuée par l’organisation de continuités urbaines qui reposent sur l’intensification des réseaux de transports ou sur la création d’un tissu urbain dense reliant ces quartiers aux centres-villes.

Ces efforts coûteux visent à réhausser la valeur symbolique de ces quartiers, leur place dans la hiérarchie résidentielle et, in fine, à renforcer leur attractivité. Mais la banalisation urbaine répond aussi à une autre fonction. Elle repose sur le postulat que la morphologie d’un lieu commande ses usages sociaux et que l’urbanisme fonctionnaliste et les « rigidités de l’habitat fordiste » (Bidou-Zachariasen 1997) seraient en grande partie responsables des dysfonctionnements dont souffrent ces territoires. La restructuration des quartiers rénovés repose ainsi sur une série de dispositifs visant à encadrer et influencer les comportements, autrement dit à discipliner les corps et à gouverner les conduites de leurs habitants (Foucault 1975) [10]. Pour éviter les conflits d’usage, en particulier ceux liés à la présence des jeunes dans les espaces intermédiaires et à certaines pratiques associées à l’économie informelle, les promoteurs de ces opérations choisissent donc de réaménager ces lieux selon les principes de la « prévention situationnelle » – afin, par exemple, de faciliter l’intervention de la police en supprimant les culs-de-sac, ou de normaliser les usages des espaces intermédiaires [11] –, mais aussi en encadrant les accès et les usages aux alentours des nouveaux immeubles, par des dispositifs dits de « résidentialisation ». Cette normalisation des pratiques résidentielles fait aussi l’objet d’un travail d’accompagnement et d’encadrement par les agents des organismes de logement, avec un succès plus ou moins grand, ces normes étant tantôt appropriées, tantôt contournées ou rejetées, en fonction de la trajectoire des habitants et de leur rapport aux changements provoqués par la rénovation (Gilbert 2014 ; Habouzit 2017). L’histoire de la rénovation urbaine peut aussi se lire comme celle des contournements ou des tentatives de contournement par les habitants de politiques publiques conçues pour infléchir leurs choix et leurs pratiques résidentielles et spatiales.

La rénovation urbaine engagée au début des années 2000 ne reproduit donc pas à l’identique les principes et les modes de transformation des quartiers populaires des périodes antérieures. Le contexte économique, les intentions politiques, le système d’acteurs et les sources de financement ont changé. Pour autant, ces différents âges de la rénovation urbaine convergent autour de quelques points saillants. Imprégnés d’un discours sur la réforme sociale et urbaine, de préoccupations sécuritaires et d’un souci de valoriser le foncier et l’environnement urbain, ils produisent des effets sociaux qui ne sont pas toujours ceux escomptés, catalysant des transformations sociales en cours (Coing 1966) mais se heurtant aussi à des résistances et des contournements. C’est cet écart entre les attendus de l’action publique et ses effets localisés que les sciences sociales se doivent aussi d’analyser.

Au sommaire de ce dossier : comprendre…

Sans prétendre à l’exhaustivité, ce dossier, composé de textes récents et d’autres plus anciens, interroge une rénovation urbaine qui, depuis 15 ans, a bouleversé en profondeur les territoires et les populations parmi les plus pauvres. Ce questionnement se déploie autour de quatre axes et autant de parties.

La première propose un retour sur l’histoire des grandes séquences de rénovation urbaine, qui permet d’en saisir les continuités et les ruptures, notamment au regard de ses expressions contemporaines. L’histoire du logement social éclaire ainsi la transformation des quartiers populaires, les intentions des politiques de rénovation urbaine et la représentation des habitants à qui sont destinés ces « bons logements », les habitations à bon marché (HBM), pensés et construits durant le cycle haussmannien puis la période des Trente Glorieuses sous leur nouvelle dénomination, les habitations à loyer modéré (HLM). Elle montre que la méfiance à l’égard du regroupement de certaines catégories sociales s’inscrit dans le temps long des politiques de transformation de l’habitat, au moins depuis le milieu du XIXe siècle (Gribaudi 2014 ; Fijalkow 1998). Le ciblage des quartiers à rénover est ainsi influencé par l’inquiétude que suscite, aux yeux des pouvoirs publics et des pouvoirs locaux, la concentration de ménages appartenant aux classes populaires, mais aussi à des groupes sociaux définis par leur appartenance ethnoraciale ou religieuse – comme les juifs dans le Marais à Paris ou les « Nord-Africains » dans certains quartiers de Lille et de Roubaix. La légitimation des politiques de rénovation repose également, presque toujours, sur la construction préalable d’un diagnostic établissant le caractère pathogène de l’habitat et des conditions d’existence dans les quartiers ciblés, qui n’est pas sans lien avec l’institutionnalisation des professions de la ville et de l’urbain. L’histoire de la rénovation urbaine est également indissociable de celle des sciences sociales. En France, la transformation des centres-villes des années 1960 intervient au moment où s’institutionnalise la sociologie urbaine, marquée par la publication de la recherche d’Henri Coing sur le 13e arrondissement parisien ; les effets sociaux de la rénovation urbaine y sont appréhendés comme un révélateur de l’accélération des mutations sociales de la société française, au cœur des Trente Glorieuses.

Achèvement du boulevard Haussmann à Paris, 1925 (photo : Agence de presse Meurisse).

Les politiques contemporaines de rénovation urbaine se distinguent par des diagnostics et des modèles d’action spécifiques, analysés dans un deuxième temps. Elles puisent notamment dans le modèle de l’urbanisme sécuritaire de « l’espace défendable ». Elles peuvent aussi, dans une certaine mesure, être analysées comme participant d’un tournant néolibéral des politiques urbaines, même si elles ne sauraient s’y réduire, y compris aux États-Unis où un programme de rénovation se déploie depuis les années 1990 dans les centres urbains. Mais, pour le cas français, elles s’inscrivent surtout dans une histoire spécifique, celle des politiques de la ville. Celles-ci reposent sur un diagnostic, qui s’esquisse dès les années 1960, et rend l’urbanisme et l’architecture des grands ensembles responsables des difficultés de ces quartiers. La rénovation urbaine des années 2000 marque une relative rupture dans cette histoire, en privilégiant la seule approche « jacobine », au détriment du modèle du développement communautaire avec lequel elle coexistait auparavant. Mais elle s’inscrit aussi dans la continuité de ces dispositifs dont l’ambition centrale, depuis plusieurs décennies, est de modifier les logiques de peuplement dans les cités HLM. En lien avec des opérations de réhabilitation de l’habitat, cette politique s’est longtemps appuyée sur un levier principal : le contrôle des attributions de logements sociaux, qui vise à filtrer les entrées dans le parc social des populations immigrées, en prétextant l’existence de « seuils de tolérance » et l’importance des « quotas », tels que ceux qui furent appliqués dans les années 1960 (Blanc-Chaléard 2016 ; David 2016) et en s’appuyant sur diverses expérimentations lancées à partir de la fin des années 1970 dans le cadre du tournant gestionnaire et de l’autonomie croissante accordée aux organismes HLM (Bourgeois 1996 ; Dourlens et Vidal-Naquet 1986).

Ces politiques d’attribution se montrent cependant incapables de juguler la ségrégation, le peuplement des cités étant surtout façonné par les départs des ménages les moins défavorisés, sur lesquels les institutions locales ont peu de prises. L’idée s’impose alors, à partir des années 1990, de recourir à une politique impliquant largement des acteurs privés afin de modifier l’offre de logements, alors même que l’histoire des copropriétés dans les grands ensembles indique que l’habitat privé est loin de garantir une plus grande mixité sociale. Avec la création de l’ANRU, les démolitions-reconstructions et la diversification de l’habitat deviennent les instruments centraux de cette politique conduite au nom de la « mixité sociale ». La nouvelle politique de rénovation urbaine connaît donc des évolutions incrémentales, avec l’instauration de dispositifs de restructuration urbaine dès le début des années 1990 [12], puis avec la mise en place, à la fin de la décennie, par le gouvernement Jospin d’une politique dite de « renouvellement urbain [13] », introduisant pour la première fois le principe de la démolition-reconstruction comme instrument des politiques de la ville.

Si le PNRU de 2003 marque une rupture, c’est avant tout en raison de la place désormais centrale de cet instrument et par l’ampleur des investissements réalisés. S’y ajoute un mode de décision, objet du troisième axe, qui à la faveur d’un « gouvernement à distance » assuré par une agence de moyens (l’Agence nationale pour la rénovation urbaine), permet à l’État d’impliquer les acteurs locaux dans une politique largement encadrée et définie au niveau central. Le programme, qui repose sur la participation d’acteurs privés (Saint-Macary 2011), bénéficie notamment du soutien d’une part importante du secteur HLM qui, en partie sous l’effet de la montée en puissance des cadres financiers dans son organisation, y voit une opportunité de renouveler un parc considéré comme en fin de cycle. La Caisse des dépôts et consignations (CDC) joue ici un rôle central, comparable à celui qu’elle a assumé au temps de la politique de construction des HBM et des grands ensembles ; la politique de rénovation urbaine lui redonne une certaine légitimité, justifiant de mobiliser l’important fonds d’épargne dont elle dispose (Le Garrec 2006 ; Frétigny 2016).

Ce gouvernement de la rénovation urbaine pose aussi la question de la place des habitants dans l’élaboration de ces politiques publiques qui les touchent directement. Si les conventions de rénovation urbaine prévoient un volet « concertation », celui-ci n’offre bien souvent que de maigres marges de manœuvre, l’essentiel des projets (notamment les démolitions-reconstructions) étant déjà décidé en amont. Cette situation a pourtant entraîné peu de contestation : bien que, dans certains cas, des collectifs d’habitants se mobilisent pour peser sur les projets [14], l’engagement intense des organismes HLM dans le processus de relogement et l’accompagnement individualisé des ménages permet le plus souvent aux institutions locales de désarmer les résistances et de réduire les tensions qui surgissent parfois à la faveur des démolitions (Gilbert 2018). La capacité des institutions locales à associer (ou à écarter) les habitants suscite ainsi de vifs débats, à l’image de la controverse autour du projet de rénovation du quartier du Pile à Roubaix (voir les articles de Julien Talpin et Pierre Chabard).

Vitry-sur-Seine, 2012 (cc) Diego BIS/Flickr.

Enfin, une dernière série de questions abordée dans ce dossier concerne les effets sociaux de la rénovation urbaine des années 2000-2010. Le recul nécessaire pour mesurer pleinement l’impact de cette politique manque encore, en particulier pour saisir les conséquences, à ce jour peu documentées, de la destruction massive d’un parc de logements encore en bon état et aux niveaux de loyer très bas, permettant l’accès des fractions les plus démunies des classes populaires à un habitat décent. On peut ainsi s’interroger, dans un contexte marqué par l’explosion des prix sur le marché privé du logement, sur les liens entre le PNRU et la hausse du nombre de sans-domicile et de « mal-logés » depuis le début des années 2000.
Certains effets de ces opérations à l’échelle des quartiers rénovés commencent toutefois à être bien connus, plusieurs enquêtes permettant de décrire la manière dont elles affectent leur peuplement et les groupes sociaux qui y résident. Comme aux États-Unis, l’impact sur le peuplement de la rénovation contemporaine en France apparaît, paradoxalement (puisqu’il s’agit du principal attendu), assez limité. Les démolitions-reconstructions auraient, tout au plus, permis de freiner le processus de paupérisation, sans parvenir à inverser la tendance à l’enracinement et à l’approfondissement de la pauvreté dans ces territoires [15]. Les classes moyennes et supérieures continuent donc d’éviter ces quartiers. Néanmoins, la nouvelle offre de logements est parvenue à retenir sur place des ménages appartenant aux fractions stables des classes populaires, souvent d’origine locale et immigrée qui, en s’installant dans les logements neufs, connaissent une forme de promotion qu’elles n’auraient pas toujours pu vivre ailleurs. Ces changements contribuent à renforcer la fragmentation et la hiérarchisation interne aux quartiers rénovés, produisant une cohabitation entre des ménages aux trajectoires contrastées – entre déclassement et promotion locale – qui ne favorise pas nécessairement le rapprochement entre ces différents groupes sociaux.

Selon l’impact qu’elle imprime sur leurs trajectoires et le rapport que ces ménages entretiennent avec la communauté locale, la rénovation provoque des effets contrastés et ambivalents sur les habitant·e·s. Enfin, les changements induits sur les formes de cohabitation dans l’espace local et sur le cadre de vie – comme le montre l’exemple des décalages entre l’architecture nouvelle et les manières d’habiter des occupants – affectent les styles de vie des classes populaires de ces quartiers. De leurs manières d’habiter et de voisiner à leurs pratiques éducatives et à leurs choix scolaires, elles contribuent directement aux transformations sociales des classes populaires contemporaines, et parfois à leur fragilisation.

Au sommaire de ce dossier :

Continuités et ruptures historiques

Du diagnostic aux remèdes

Gouverner la rénovation : acteurs et instruments

Transformations spatiales et changement social : les effets sociaux de la rénovation


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Pour citer cet article :

Emmanuel Bellanger & Anaïs Collet & Fabien Desage & Pierre Gilbert, « Rénovation urbaine. L’espace comme remède à la question sociale ? », Métropolitiques, 5 avril 2018. URL : https://metropolitiques.eu/Renovation-urbaine-L-espace-comme-remede-a-la-question-sociale.html

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