Les catastrophes sont un sujet aujourd’hui largement analysé par les sciences sociales tant elles permettent d’exposer des aspects cruciaux et souvent révoltants de nos sociétés modernes (voir le dossier sur La Vie des idées). Katrina, l’ouragan qui a presque balayé la Nouvelle-Orléans en août 2005, n’y fait pas exception. Les études ont donné lieu à de nombreux récits, descriptions et analyses des dysfonctionnements qui ont aggravé les conséquences de l’événement naturel, mettant au jour l’inégale vulnérabilité de différents segments de la population aux catastrophes environnementales, notamment en fonction de critères de race ou de classe.
Jusqu’à aujourd’hui, il y a eu cependant moins de recherches sur le processus de reconstruction de la ville, malgré son importance et les débats nombreux qu’il suscite. De fait, pendant quelques années après Katrina, le futur même de la ville est resté incertain. Méritait-elle d’être rebâtie ? Aujourd’hui, d’après le recensement 2009, la ville compte 354 850 habitants, soit 78 % des 455 188 habitants avant Katrina (pour plus d’informations sur les tendances démographiques à la Nouvelle-Orléans, voir ici). La ville n’a plus la même taille, mais elle est toujours là.
Les articles présentés dans ce dossier, extraits de livre et essais originaux, sont tirés d’un colloque intitulé « Learning from New Orleans post Katrina. Action collective, publics et réponses sociétales aux vulnérabilités environnementales » organisé en avril 2011 par Samuel Bordreuil à la Maison méditérranénenne des sciences de l’homme d’Aix en Provence. Les auteurs s’attachent tous à identifier et comprendre des phénomènes qui ont joué un rôle dans les débats et les mobilisations des habitants pour la reconstruction de leur ville. Certaines questions, comme le montre Richard Campanella, sont des réinterprétations de problématiques aussi vieilles que la ville. D’autres sont des innovations exploratoires nées des incertitudes propres aux périodes post-catastrophes. Certaines témoignent de la capacité collective créative des habitants tandis que d’autres révèlent de plus contestables agissements.
- « Rendre publique la durabilité : la plateforme d’observation du Bayou à la Nouvelle-Orléans », Stéphane Tonnelat, 1er juin 2011
- « New Orleans post Katrina : les usages du Net par gros temps », Jean Samuel Bordreuil, 8 juin 2011
- « Bienville’s Dilemma: New Orleans Between Site and Situation » (en anglais), Richard Campanella, 25 May 2011
- « Reconstruire ou abandonner la Nouvelle-Orléans ? Les philosophies du futur plan d’occupation des sols », Richard Campanella, 22 juin 2011
- « Qui se soucie des soins ? La disparition d’un hôpital public après Katrina », Anne M. Lovell, 4 juillet 2011
Aussi sur Métropolitiques :
- « Katrina, les citoyens et l’État contractuel », Romain Huret, 25 novembre 2010
- « New Orleans as a Rust Belt City? » (en anglais), Robert J. Ross, 6 juillet 2011