Entre la Chine et la Russie, la Mongolie est un pays d’un million et demi de km2, soit trois fois la France métropolitaine ; et d’environ trois millions d’habitants, soit à peu près autant que la ville de Madrid. Avec deux habitants au km2, la Mongolie est réputée avoir la plus faible densité de population au monde. Elle se distingue aussi par une culture nomade héritée de siècles de déplacements, au rythme des saisons et des animaux, dans un paysage de montagnes et de steppes, sur des sols peu fertiles.
Redevenue un État indépendant après son émancipation de l’empire chinois en 1911, la République populaire mongole est née en 1921, dans le sillage de la révolution soviétique. Il y a un siècle, en 1924, sa capitale, l’ancien centre religieux et politique Urga, reçoit le nom d’« Oulan-Bator (Ulaanbaatar) », c’est-à-dire : « héros rouge ». Au cours du XXe siècle, la ville connaît des phases successives de planification, faites de schémas directeurs, de sectorisation et de construction de grands ensembles. Ces opérations d’urbanisme étaient voulues et conçues de Moscou, à des milliers de kilomètres de là, puis mises en œuvre sur place selon un processus descendant et autoritaire, à l’encontre des usages préexistants. Durant près de soixante-dix ans, ces tentatives d’imposer un modèle venu d’ailleurs à une société nomade ont engendré des situations spatiales contradictoires, ouvrant des interstices, des brèches, des cohabitations et des juxtapositions.
Là où existaient, autour d’un complexe de monastères posés sur l’immense steppe, des regroupements de yourtes et d’habitats saisonniers – une cité mobile, se sont érigés des enclos, des murs, des rues et des voisinages. Des situations d’entre-deux se sont installées dans la durée. Que reste-t-il aujourd’hui de ces cultures spatiales, à différentes échelles ? Comment comprendre les tendances d’évolution de ces héritages contrastés ?
Émission proposée et animée par
Lolita Voisin et Olivier Gaudin
