Grenoble, métropole régionale, est lovée au cœur de la partie française de la chaîne des Alpes. Entre influences savoyardes et proximité du monde méditerranéen, aux portes du Piémont italien, l’ancienne capitale du Dauphiné est un point de passage ancien pour les circulations transalpines. C’est aussi une ville emblématique de la seconde moitié du XXe siècle, avec son développement accéléré et ses formes étalées, oublieuses d’un passé agricole tout proche. Ses contours sont sculptés par les souplesses du béton, la dureté du bitume et la toute-puissance de la voiture. Ceinturée par des massifs montagneux, sa topographie formée par les glaces est l’une des plus plates de France… propice au vélo, selon l’office de tourisme ; mais sa géographie particulière de « cuvette », amplifiée par la densité de son paysage urbain, la rend aussi sensible aux fortes chaleurs estivales.
L’histoire de Grenoble porte les marques d’une série d’accélérations. Ancienne cité parlementaire et place forte militaire, poste avancé de la Révolution française puis fleuron de l’industrialisation, désignée par l’État « métropole d’équilibre » en 1963, puis ville olympique pour les Jeux d’hiver de 1968, sa croissance démographique et urbaine a été spectaculaire dans les décennies d’après-guerre. Elle est aujourd’hui un carrefour pour le tourisme de montagne et l’industrie du ski, mais aussi une grande ville universitaire. Au-delà de ces quelques aperçus, comment l’expérience ordinaire des Grenobloises et des Grenoblois rencontre-t-elle les traces des utopies du siècle dernier ? Qu’est-ce que vivre à Grenoble et comment y habite-t-on, au quotidien ?
C’est pour connaître quelques réponses à ces questions que nous avons rencontré, à la découverte de sa ville, l’architecte Nicolas Tixier, qui est professeur à l’École nationale supérieure d’architecture de Grenoble (Université Grenoble Alpes), directeur de l’équipe de recherche du Cresson, et directeur adjoint du laboratoire Ambiances, Architectures, Urbanités. Il mène en parallèle une activité de projet au sein du collectif BazarUrbain. Passionné de cinéma, il a été président de la Cinémathèque de Grenoble de 2009 à 2022.
La conversation commence par la description de la géographie si particulière de la ville de Grenoble, faite de fonds plats et de pentes environnantes. L’évolution urbaine de la métropole alpine est racontée au regard des visions politiques et des contraintes topographiques et techniques. À travers trois utopies jamais réalisées, Nicolas Tixier évoque certains rêves que contient l’histoire de cette ville. Dans un deuxième temps, nous cherchons ensemble ce que seraient les « écologies métropolitaines » propres à Grenoble. Enfin, à travers l’expérience scientifique du laboratoire Cresson, Nicolas Tixier partage exercices et questionnements propres au collectif de chercheurs né à Grenoble, ce qui n’est peut-être pas un hasard.
Émission proposée et animée par
Lolita Voisin et Olivier Gaudin